samedi 29 décembre 2007

mouse back on the web

hi there,
been away from the web, or, to be precise, from this blog, for a while...
had a bit of a busy time readapting/reajusting to life in Paris, being again a student in a MBA... and you know what? when I wanted to look credible among my marketing and other courses comrades, and faking the serious attitude, I first had to keep away from these two great spies namely the blog and facebook....
I'll give myself one or two weeks to update all about nov and dec; coz seen a lot of good stuff, read a couple of good novels, and had a lot of fun out with friends as well. And, above all, there's this big big event in Jan: starting from Jan 2nd, I'm a working mouse in corporate patronage :)

lundi 17 décembre 2007

Seen in Libé: wikinomics

«C’est l’avènement du cinquième pouvoir, celui des internautes»
Débat. Les réseaux génèrent-ils une nouvelle économie dans les entreprises ?
Recueilli par Christophe Alix
QUOTIDIEN : lundi 17 décembre 2007
3 réactions
Les nouvelles technologies ont-elles un impact sur les méthodes et stratégies des entreprises ? Pour le gourou du Net Don Tapscott, elles les bouleversent carrément. Un site (1) invite à prolonger le débat de façon collaborative.


Sur le même sujet
Don Tapscott


Vous dites que l’économie collaborative ou «wikinomie»constitue une mutation du même type que la révolution industrielle au XIXe siècle…

Sous l’impact de la globalisation et des nouvelles technologies, un vieux modèle industriel est en train de disparaître et un nouveau d’émerger. Ce qui disparaît ? Une organisation de la production des richesses dans les entreprises basée sur la hiérarchie, le contrôle et une transmission verticale des tâches dans laquelle tout le monde est le subordonné de quelqu’un : l’employé par rapport au manager, le vendeur par rapport au consommateur, le producteur par rapport au distributeur ou aux sous-traitants… Ce qui apparaît ? De nouveaux modèles collaboratifs qui s’appuient sur des communautés et reposent sur une coproduction et une cocréation de richesses.

En quoi ces réseaux révolutionnent-ils l’économie ?

Ils ne se limitent plus à ce que l’on a appelé au tournant du XXIe siècle la «nouvelle économie en ligne». Ils ne servent plus seulement à produire des contenus, comme l’encyclopédie Wikipedia, ou des logiciels, comme le système d’exploitation libre Linux. Les réseaux bouleversent des pans entiers de l’économie, dans l’automobile ou l’aéronautique, la recherche médicale et le secteur pharmaceutique, les cosmétiques, etc. On peut créer ainsi des fonds communs de placement, produire de nouveaux jeux ou des motos bon marché en Chine. Ce modèle de coproduction va s’imposer partout.

Un exemple d’application concrète de la «wikinomie» dans une entreprise ?

C’est l’histoire d’une société d’extraction minière gérant une mine d’or au Canada qui m’a donné l’idée d’écrire un livre. Elle s’appelle Goldcorp, et à la fin des années 90 son gisement paraissait épuisé, sa fermeture inévitable. Son jeune patron, Rob McEwen, qui venait d’assister à une conférence sur Linux à Boston, eut alors une idée folle et risquée. Il décida de publier sur le Net toutes les données géologiques ultra secrètes de Goldcorp, et invita un millier de prospecteurs virtuels sur la Toile à trouver de nouvelles «cibles» d’extraction en leur promettant un demi-million de dollars. En quelques mois, cette méthode open source a permis de trouver plus d’or que Goldcorp n’en a jamais rêvé et d’économiser deux à trois ans de prospection. McEwen était entré dans cette «wikinomie» qui demain générera l’innovation et la production de richesses.

Ce partage de la propriété intellectuelle est considéré par beaucoup comme une des pires menaces pesant sur l’entreprise.

L’idée reçue est qu’il faut préserver à tout prix ce précieux actif et envoyer un bataillon d’avocats dès que l’on y touche. Cacher son jeu pour rester compétitif, en somme. Mais cela ne marche plus. Les majors du disque sont en train de mourir à force de camper sur ce modèle, et partout les vieux monopoles en matière de savoir industriel s’écroulent. Je ne dis pas qu’il faut tout partager, mais au moins une partie de sa propriété intellectuelle. Prenez le cas d’IBM. Voilà une multinationale structurée qui estime avoir économisé 900 millions de dollars [environ 625 millions d’euros, ndlr] par an en renonçant - en partie - à ses systèmes et en faisant le pari de s’appuyer sur des logiciels libres produits par d’autres. Mais cela suppose d’adopter de nouveaux modèles mentaux et d’explorer de nouvelles voies dans la recherche de création de valeur.

Les consommateurs, que vous rebaptisez «prosomateurs», participent aussi à ce mouvement de cocréation, de coproduction…

C’est l’avènement d’un cinquième pouvoir, celui des internautes ! Amazon réalise près de 30 % de son chiffre d’affaires via un million de vendeurs tiers rétribués sur le Net. BMW invite ses clients à participer au design intérieur de ses modèles. Mais l’exemple le plus spectaculaire est celui de Lego, reconverti dans les jeux high-tech. Lancée en 1998, l’expérience Mindstorms, qui consiste à donner la possibilité aux utilisateurs de concevoir leurs propres robots en ligne avec des briques programmables, a été un tel succès que Lego l’a étendue à ses kits plus classiques. Ces clients n’achètent plus les modèles de Lego, mais leurs propres modèles, accessibles à tous.

Ce nouveau modèle d’entreprise, externalisé, ne signe-t-il pas la fin d’un modèle qui avait le mérite d’organiser socialement le travail ?

Si vous voulez dire que l’on va vers un monde plus risqué, que toute personne déconnectée et réfractaire à cette «wikinomie» n’y survivra pas à terme, oui. Tout converge dans ce sens. Mais c’est aussi un monde dans lequel les opportunités sont démultipliées. J’en veux pour preuve que les entreprises qui se sont ouvertes à ces modèles réussissent mieux.

Le Web 2.0 est déjà dépassé, en somme…

Cette économie collaborative va au-delà du boom actuel des réseaux sociaux en ligne. On va passer d’un monde de réseautage sur la Toile, de nouvelle sociabilité en ligne, à une production sociale et collaborative. Les entreprises ont intérêt à s’y préparer dès maintenant.

(1) www.wikinomics.com

mardi 11 décembre 2007

seen in le Monde Economie: about mentors in firms

I will also benefit from a "tuteur" in a couple of weeks when I start working as an apprentice, so...

Décryptage
Les tuteurs, des perles rares qui restent à valoriser
LE MONDE ECONOMIE | 10.12.07 | 11h29 • Mis à jour le 10.12.07 | 11h29
Les tuteurs sont de plus en plus prisés dans les entreprises. Car la formation en alternance - apprentissage ou contrat de professionnalisation - s'est développée et diversifiée dans l'ensemble des firmes. "Qui plus est, les groupes comme les PME sont confrontés au défi de la fidélisation des jeunes, indique Brigitte Le Boniec, directrice formation et compétences de l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie (ACFCI) qui a organisé le 6 décembre une Journée nationale pour valoriser le tutorat. Aussi leur accueil et leur intégration deviennent-ils un élément primordial de la gestion des ressources humaines."

A La Poste, c'est près d'un facteur sur deux qui sera recruté par la voie de l'alternance d'ici à 2009. Il y a trois ans, le groupe Flo a décidé de mettre en place une politique d'accompagnement des nouveaux embauchés pendant leurs quatre premiers mois ; chaque restaurant compte au moins deux tuteurs, en général le directeur et le chef de cuisine : "Notre but était de faire baisser le turnover et nous sommes satisfaits puisqu'il a diminué de moitié, relate Catherine Augereau Leloup, directrice emploi-formation. Nous travaillons à étendre le dispositif, en sensibilisant les directeurs adjoints et les seconds en cuisine à cette fonction tutorale."

Mais la difficulté pour les entreprises aujourd'hui, c'est de trouver suffisamment de salariés aptes à transmettre les bons gestes professionnels, la culture d'entreprise et être présents en cas de démotivation des nouvelles recrues. L'heure est donc à la professionnalisation et à la valorisation des tuteurs afin de susciter des vocations. La plupart suivent quelques jours de formation, afin de mieux maîtriser les aléas de la pédagogie de terrain, la communication avec le jeune accueilli, mais aussi avec les intervenants des écoles, l'organisation de l'acquisition des compétences et son évaluation, etc. "Des tables rondes sont organisées régulièrement, précise Jean-Marie Lasbleis, responsable des parcours qualifiants chez Euro Disney Associés SCA. Les tuteurs - ils sont au nombre de 500 - peuvent ainsi échanger sur leurs pratiques, leurs difficultés et, de ce fait, monter en compétence." Chez Dalkia, société de services énergétiques (filiale de Veolia), qui a signé début 2006 un accord avec les syndicats pour promouvoir le tutorat, un réseau rassemblant les tuteurs au niveau régional joue le même rôle.

Les employeurs cherchent toutefois à aller plus loin dans la reconnaissance de cette drôle de fonction qui demande beaucoup de temps, en sus des obligations professionnelles habituelles. Euro Disney octroie une prime de 47 euros par mois. Mais tous ne font pas le choix d'une rémunération supplémentaire : "Cela ne va pas avec l'esprit du tutorat, qui est d'accueillir et de faire partager, estime Laure Pascarel, responsable du pôle Management des compétences de la direction du courrier de La Poste. Par contre, dans notre entreprise, ceux qui s'investissent dans le tutorat progressent plus vite en termes de classification. Car nous pensons que cette fonction prépare bien à des premiers postes de management." Après une enquête menée auprès des tuteurs de Dalkia, dont les résultats témoignaient d'un manque de reconnaissance et de temps, l'entreprise a sollicité l'encadrement : "Au moment de l'entretien annuel, ces questions doivent être maintenant débattues entre le tuteur et son responsable hiérarchique... comme les autres objectifs", précise Philippe Marcadé, directeur de la formation de Dalkia.

Mais la nécessité d'une reconnaissance plus "visible" se fait de plus en plus pressante. C'est le but du titre "Tuteur en entreprise" élaboré par l'ACFCI, sur la base d'un certificat de compétences et d'un entretien avec un jury. Et il commence à faire florès. Dix-huit personnes l'ont reçu chez Euro Disney. Pour M. Lasbleis, cette réussite prend un sens particulier pour certains salariés : "Nombre de nos tuteurs n'ont pas beaucoup de diplômes de base, voire pas du tout. Avec ce titre, non seulement leurs compétences sont reconnues, ce qui est satisfaisant personnellement, mais leur employabilité est également renforcée."

Une première promotion de treize personnes a essuyé les plâtres au sein de Dalkia : onze ont été reçues, deux doivent revoir leur dossier. Une expérimentation qui donne matière à réflexion : "Ces deux personnes étaient à la fois responsables hiérarchiques et tuteurs de l'apprenti, analyse M. Marcadé. Nous pressentions ce risque de confusion des genres entre les deux approches ; aussi nous faudra-t-il maintenant davantage veiller, dans la mesure du possible, à ce que le manager direct du jeune en contrat ne soit pas son tuteur." Dans les restaurants Flo, une trentaine de personnes ont obtenu le titre. Au-delà de la valorisation individuelle, Mme Augereau Leloup y voit également un bon outil... pour recruter : "Avec ce dispositif, nous pouvons prouver aux jeunes que nous rencontrons dans les écoles hôtelières ou sur les forums que, lorsque nous leur promettons un accompagnement par des tuteurs qualifiés, c'est réel."

Toutefois, ce titre consulaire, s'il est une avancée, ne contente pas pleinement les entreprises, qui aimeraient une reconnaissance officielle nationale. Une demande d'inscription au répertoire géré par la Commission nationale pour la certification professionnelle (CNCP) est en cours d'examen. Problème ? "Le tutorat n'entre pas dans les critères, car il n'est ni un métier ni un niveau de formation", précise Mme Le Boniec. Il faudra donc faire preuve d'inventivité pour que les tuteurs prennent du galon.

Nathalie Quéruel

seen on le Monde: how to use the internet to revamp an orchestra among younger audiences...

- the importance of opening up to new audiences: in this sense, buzz and the internet as clever tools for an orchestra to appeal to younger audiences
- websites as living archives for music...

Pour ses 40 ans, l'Orchestre de Paris se développe sur la Toile
LE MONDE | 10.12.07 | 16h47 • Mis à jour le 10.12.07 | 16h47


l'occasion de ses 40 ans, l'Orchestre de Paris propose une saison musicale de haute tenue, marquée notamment par la venue de Pierre Boulez et de Daniel Barenboïm. La formation, aujourd'hui dirigée par Christoph Eschenbach, n'a cependant pas souhaité se limiter à une programmation exceptionnelle de concerts : elle s'est lancée dans la rénovation de son site Internet.



Jusqu'alors, son adresse Web se bornait à fournir quelques informations sur les concerts et les musiciens. "Nous sommes passés à la vitesse supérieure, affirme le directeur général de l'orchestre, Georges-François Hirsch. Le site doit être un vrai lien entre le public et les artistes."

Première innovation : la création d'un blog tenu par les musiciens de la formation. Inauguré en octobre lors de leur tournée en Asie, celui-ci a vu les instrumentistes témoigner de leurs prestations artistiques et de leurs découvertes touristiques. "C'est une chronique de la vie quotidienne d'un orchestre, explique le violon solo Philippe Aïche. En racontant des anecdotes ou en livrant ses impressions personnelles, l'instrumentiste apparaît plus vivant et peut-être plus humain."


"TOUCHER LES JEUNES"


Le site s'est aussi enrichi de vidéos, montrant par exemple les musiciens en répétition. Une façon de décloisonner l'univers de la musique classique, encore intimidant pour certains. Christoph Eschenbach connaît bien le potentiel du Web pour avoir dirigé auparavant l'Orchestre de Philadelphie dont l'offre multimédia est très étoffée. "Internet apporte au classique une dimension populaire. On peut ainsi toucher les jeunes, qui appartiennent à la "computer generation"", estime-t-il. Or c'est justement la tranche des 20-30 ans qui fait défaut dans les salles de concert.

Le site s'adresse également au mélomane soucieux d'approfondir ses connaissances. Ainsi, au cours du mois de décembre, seront mis en ligne des concerts d'archives de l'orchestre. Au programme, des enregistrements inédits dirigés par les plus grands, depuis Georg Solti jusqu'à Carlo Maria Giulini.

Disponibles gratuitement sans téléchargement, ces documents seront majoritairement audio, mais également visuels, grâce à un partenariat avec l'Institut national de l'audiovisuel (INA).

Pour l'instant, l'heure est encore à la négociation des droits d'auteur. "Les artistes comprennent que, pour leur propre survie, ils ont besoin d'être présents sur ce type de supports", déclare cependant Georges-François Hirsch.

Le coût de ces innovations est pris en charge, à hauteur de 125 000 euros, par une entreprise mécène, la banque d'investissement Natixis.


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Site Internet : orchestredeparis.com.

Antoine Pecqueur
Article paru dans l'édition du 11.12.07.

seen in le monde: from the paper to the web...

Les sites d'information autonomes cherchent leur équilibre économique
LE MONDE | 10.12.07 | 14h21 • Mis à jour le 10.12.07 | 14h21




ace à la crise qui secoue le secteur de la presse écrite, les difficultés économiques qu'elle rencontre et la contestation de son indépendance, de plus en plus de journalistes migrent sur le net. A l'instar des Etats-Unis, où des plumes de titres réputés comme le Washington Post ont quitté leur journal pour participer à des sites d'investigation, des "signatures" de la presse française tentent également l'aventure du net avec l'ambition de renouveler le métier et de changer les rapports entre les journalistes et les lecteurs.



Un mouvement qui touche plusieurs pays
Le mouvement des journalistes de la presse écrite séduits par Internet gagne plusieurs pays. En Espagne, plusieurs rédacteurs ont quitté le quotidien El Mundo pour lancer un site d'information "utile et ouvert" (www.soitu.es), qui compte déjà une trentaine de personnes. Il a passé un accord avec le site rue89.com pour des échanges de contenus. Le site démarrera à la fin de l'année en Espagne. Le mouvement s'est accéléré aux Etats-Unis au début de l'année avec le lancement du site the politico (www.politico.com), créé par deux plumes du Washington Post, John Harris, journaliste politique, et Jim VandeHei, ainsi que Mike Allen, le journaliste de Time rattaché à la Maison Blanche. Ce site est consacré à la politique américaine, notamment à l'approche de la présidentielle de 2008. Il s'accompagne d'un journal papier, qui paraît trois fois par semaine lorsque le Congrès américain est en session. Cette annonce, faite fin 2006, avait été perçue comme un tournant majeur. Le groupe de médias Allbritton Communications, qui diffuse deux chaînes de télévision à Washington, soutient le projet financièrement. Gratuit, le site est également financé par la publicité.


Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du Monde, a ouvert dimanche 2 décembre la présentation de son site d'information, pour l'instant appelé MediaPart (www.mediapart.fr) qui sera lancé au premier trimestre de 2008. Il prône "une presse profondément repensée et totalement refondée".

"Partant du constat qu'il y a une crise de l'information, très particulière en France au regard de l'indépendance des journaux, nous voulons proposer un journalisme d'enquête en offrant un nouveau type d'information, totalement indépendant, sur un mode participatif", explique François Bonnet, ancien chef du service international du Monde, directeur éditorial de Mediapart.

Ce site, "cherche à inventer une réponse aux trois crises - démocratique, économique, morale - qui minent l'information en France, sa qualité et son utilité, son honnêteté et sa liberté", écrit M. Plenel. L'équipe, qui compte aujourd'hui sept à huit personnes (dont Laurent Mauduit, ancien rédacteur en chef du Monde, Gérard Desportes, Marie-Hélène Smiejan...), en comprendra une quarantaine à terme, dont 25 à 30 journalistes. "Le défi est aussi de créer une communauté", insiste Benoît Thieulin, partenaire du projet, fondateur de l'agence la Netscouade, ancien responsable de la campagne présidentielle de Ségolène Royal sur le web.

Le site MediaPart s'appuie sur un nouveau modèle économique, qui ne mise pas sur les recettes publicitaires : l'adhésion payante, de 9 euros par mois (5 euros pour les chômeurs et les moins de 25 ans). Ce qui exige selon ses concepteurs "de fortes plus-values". Le point mort sera atteint avec 75 000 adhérents la troisième année. Les besoins de financement sont de 4 millions d'euros.

Pour garantir l'indépendance du site, les fondateurs, dont M. Plenel qui a investi 500 000 euros à titre personnel, détiendront entre 57 % et 59 % du capital. Ils vont apporter 1,3 million d'euros. Des investisseurs partenaires, "acteurs dans le domaine des nouvelles technologies mais sans liens avec les puissances financières en place", sont appelés à investir entre 100 000 et 500 000 euros chacun. Une société des amis sera composée d'individuels mettant entre 5 000 et 50 000 euros chacun.

En France, les pionniers de Rue89 (www.rue89.com), se sont lancés le 6 mai 2007, jour du second tour de l'élection présidentielle. Quatre anciens de Libération, Pierre Haski, M. Mauriac, Pascal Riché et Arnaud Aubron, partis dans le cadre du plan de départ du quotidien début 2007, ont lancé ce site, qui "marie le journalisme professionnel et la culture participative de l'Internet".


PASSER À LA "VITESSE SUPÉRIEURE"


"Le lancement de MediaPart valide notre approche", estime M. Haski, cofondateur de rue 89. Il annonce que "la troisième phase de l'augmentation de capital" est en préparation. Rue89 recherche 2 millions d'euros. Cette phase devrait être bouclée au premier trimestre de 2008, les fondateurs et "les amis de rue89" détiendront 70 % du capital, le maître mot étant l'indépendance. Rue89 veut aussi créer une société des lecteurs internautes en partant du principe "qu'il est plus intéressant de devenir actionnaire que de s'abonner", selon M. Haski. Le site compte 450 000 visiteurs uniques par mois et un "bon niveau" de recettes publicitaires atteint en novembre. "Le journalisme était décrit comme moribond il y a un an. Or, il y a un avenir pour les journalistes sur Internet", affirme M. Haski. Signe des temps, les stagiaires des écoles de journalistes affluent.

Le site "d'informations et d'enquête" Bakchich (www.bakchich.info) qui revendique un certain "mauvais esprit", annonce, après quinze mois d'existence, être "passé à la vitesse supérieure". Ce qui suppose de nouveaux partenaires financiers, dont la publicité. "Il faut au moins un million de visiteurs par mois pour intéresser les annonceurs", affirment ses responsables. Pour l'instant, les recettes publicitaires sont quasi-nulles. Bakchich, qui a enregistré, selon Google Analytics, 400 000 visiteurs en novembre, estime qu'il faudra trois ans pour trouver un réel équilibre économique.

Le journaliste Nicolas Beau, auteur de livres d'investigation, après onze ans passés au Canard Enchaîné, a rejoint le site, pour "tenter l'aventure du Net". En janvier 2008, Philippe Labarde (ancien directeur de la rédaction du Monde) deviendra président du comité éditorial de Backchich.

En octobre, le site ne comptait que trois permanents avec un budget de 10 000 euros par mois. Il était financé par deux mécènes, dont un opposant tunisien, ami de M. Beau. Depuis, 200 000 euros ont été levés dont 120 000 fournis par Jean-Jacques Coppée, un homme d'affaires belge et 80 000 euros par trois autres hommes d'affaires. L'équipe, qui est désormais passée à quatre permanents et une quinzaine de pigistes, espère arrondir les fins de mois avec la vente de la déclinaison de Backchich en version PDF et papier.

Daniel Psenny et Pascale Santi
Article paru dans l'édition du 11.12.07.

Seen in le Monde: about French managers

Les managers français sont parmi les plus mauvais
LE MONDE | 10.12.07 | 14h47 • Mis à jour le 10.12.07 | 15h24

Mous et incompétents. Telle est, en substance, l'opinion que les Français se font de leurs supérieurs hiérarchiques. Tous certes ne sont pas visés. Mais globalement, les dirigeants français se révèlent plus mauvais qu'ailleurs, selon une étude réalisée par le cabinet de conseil en gestion des ressources humaines BPI et l'institut BVA auprès de 5 500 salariés dans dix pays, publiée jeudi 6 décembre.



"Nous entendons les critiques sur le terrain. Mais nous pensions que les difficultés étaient similaires ailleurs. Nous ne nous attendions pas à un tel écart", constate Brice Maillé, directeur de la branche management de BPI.

Seul un sondé français sur deux trouve un quelconque talent à son supérieur, et un sur trois l'estime très compétent, soit les taux les plus bas des dix pays considérés. Signe d'inefficacité : la moitié des hiérarques ne fixeraient pas d'objectifs annuels précis à leurs collaborateurs, disent ces derniers. Ce qui est ressenti de façon négative.

"Quand les objectifs ne sont pas clairs, les salariés ne peuvent améliorer au mieux leur performance et leur rémunération s'en ressent", explique M. Maillé. D'autant que "les salariés sont plus autonomes car le nombre de niveaux hiérarchiques s'est réduit depuis vingt ou trente ans ; les managers ont donc plus de collaborateurs sous leurs ordres, dont ils sont souvent éloignés géographiquement".


PEU D'AUTORITÉ


En toute logique, ces salariés éprouvent peu de respect pour leurs managers et leurs consignes. Un Français sur deux reconnaît ne pas suivre les directives de son supérieur hiérarchique. Seuls les Roumains font pire : 60 % sont dans ce cas.

Ces salariés peuvent agir ainsi sans souci, car les managers français font aussi preuve de peu d'autorité, celle-ci étant reconnue comme une qualité et non comme un défaut. Les pays dont les supérieurs hiérarchiques sont jugés les plus autoritaires sont aussi ceux où leurs subordonnés les trouvent les plus sympathiques. Ce qui est le cas aux Etats-Unis et au Maroc.

"L'autorité est fortement valorisée aux Etats-Unis, où elle est ressentie comme une affirmation du leadership et une capacité à prendre des décisions. En France, on assimile volontiers autorité et autoritarisme, volonté de sanctionner (négativement)...", notent les auteurs.

Cette vision négative influe sur les comportements. Deux dirigeants français sur trois sont prêts à écouter les remarques de leurs collaborateurs, estiment ces derniers, score parmi les plus faibles des pays analysés. Un tiers seulement appuie son collaborateur quand celui-ci souhaite une augmentation de salaire, et moins d'un sur deux est prêt à l'aider pour lui permettre de progresser, ce qui place la France très loin derrière les autres pays.

Cette image très pessimiste se renforce avec les années et l'expérience. Plus les salariés sont âgés, plus leur mauvaise opinion s'accentue. Cette impression est aussi plus forte dans les grandes entreprises que dans les petites. Enfin, les dirigeants du privé ne sont pas mieux perçus que ceux des entreprises publiques ou des administrations, ce qui est une exception française.

Contrairement à une idée reçue, les pays où salariés et dirigeants entretiennent des relations amicales sont aussi ceux où ces derniers sont les mieux jugés.

Ces défauts managériaux n'empêchent pas les grandes entreprises françaises de réaliser d'excellentes performances. Mais elles sont de plus en plus le fait de leurs filiales et managers à l'étranger.

Annie Kahn
Article paru dans l'édition du 11.12.07.

Seen in le monde: Malaisian political economics...

M. Lim et le privilège malais, par Sylvie Kauffmann
LE MONDE | 10.12.07 | 13h37 • Mis à jour le 10.12.07 | 13h37
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im Teck Ghee n'est pas près d'oublier le rapport qui lui avait été commandé pour le IXe Plan de Malaisie : il lui a coûté son poste. Du beau travail pourtant, académiquement parlant. Chinois de Malaisie, cet économiste internationalement respecté, titulaire d'un doctorat de l'université nationale d'Australie, de retour chez lui après onze ans passés à l'ONU et à la Banque mondiale, avait réuni un petit groupe de chercheurs de haut niveau au sein d'un institut de recherche de Kuala Lumpur, le Centre d'études des politiques publiques. Mus par une volonté commune, celle de formuler les meilleures politiques pour leur pays, ils se mirent au travail, pour un tarif dérisoire.






En février 2006, M. Lim rendit sa copie. Le titre un brin soviétique de l'épais rapport, "Propositions pour le IXe Plan", n'éveilla pas les soupçons tout de suite. Il contenait pourtant un chapitre explosif, sur l'actionnariat, qui mit quelques mois à éclater : on y apprenait notamment que le capital des entreprises du pays était détenu à hauteur de 45 % par des Malaisiens d'ethnie malaise. Explosif ?

Ex-colonie britannique, la Malaisie est un Etat multiethnique, qui abrite approximativement 55 % de Malais musulmans, 25 % de Chinois, 7 à 8 % d'Indiens, le reste étant réparti entre diverses ethnies. En 1969, de graves affrontements (près de 200 morts) entre Malais et Chinois ont entraîné la mise en oeuvre, l'année suivante, d'une vaste politique de discrimination positive, connue sous le nom de Nouvelle politique économique (NEP) ; le but était d'aider les Malais à rattraper l'écart avec la minorité chinoise, plus prospère. Trente-sept ans plus tard, le principe de cette politique est toujours en vigueur, et les Malais ont la priorité dans de multiples domaines - emploi, éducation, logement, marchés publics... En matière d'actionnariat d'entreprise, l'objectif était de leur permettre d'atteindre 30 % du capital privé. En 2006, les Malais n'en détenaient encore que 18,9 % - c'est du moins ce qu'affirmait le gouvernement, jusqu'à ce que les calculs de M. Lim révèlent une autre réalité.

C'était dans ces chiffres que se trouvait la bombe à retardement. Car si l'objectif des 30 % était atteint, et même dépassé, le traitement de faveur dont bénéficiait la majorité malaise devenait superflu. C'est tout le fondement du système qui était remis en cause.

Plutôt que d'affronter la vérité, le gouvernement malaisien - qui est, depuis l'indépendance, en 1957, dans les mains de l'UMNO, le grand parti malais - qualifia le rapport d'"irresponsable", en rejeta la méthode de calcul et demanda à Lim Teck Ghee de se rétracter. "Je leur ai dit, discutons, je vous montre ma méthodologie, vous m'expliquez la vôtre, et si vous me démontrez que je me suis trompé, je me rétracte. Mais ils n'ont jamais voulu", raconte-t-il. Sous la pression, la fondation qui abritait son think tank désavoua le rapport. "Alors j'ai démissionné, car le rapport était correct." A l'époque, l'ampleur de la controverse a surpris le chercheur. Avec le temps, il comprend mieux : "Les actions en Bourse sont un mode d'enrichissement très rapide", relève-t-il.

Pour Lim Teck Ghee, ce fut un moment difficile. "La pression venait du plus haut niveau du pouvoir, dit-il. J'aurais aimé que d'autres intellectuels me soutiennent publiquement." M. Lim est un chercheur à lunettes de 64 ans qui s'exprime doucement, en pesant ses mots. Il a du mal, pourtant, à réprimer un petit soupçon de satisfaction lorsqu'on lui demande si l'actualité n'est pas en train de lui donner raison.

Car depuis quelques semaines, plusieurs forces convergent pour remettre en cause l'assise du pouvoir en Malaisie, qui a fêté en grande pompe cet été ses cinquante ans d'indépendance avec, en toile de fond, une belle réussite économique. Avocats, opposants, tout ce petit monde est pris d'une furieuse envie de manifester, face à un pouvoir qui interdit les manifestations. Parmi ceux qui secouent la torpeur politique de Kuala Lumpur, 10 000 Indiens ont affronté la police, le 25 novembre. Laissés-pour-compte du miracle malaisien, les Indiens sont victimes des deux dérives du système : les abus de la NEP et l'islamisation du pouvoir, sur le compte de laquelle ils mettent la destruction à grande échelle de temples hindous, sous couvert de projets immobiliers.

Le réveil des Indiens est particulièrement inquiétant pour le pouvoir, qui a réagi très durement en inculpant 31 d'entre eux de tentative de meurtre, en contrôlant les médias d'encore plus près et en disant au gouvernement de New Delhi, qui s'inquiétait, de s'occuper de ses affaires. Combien de temps le premier ministre Abdullah Badawi, qui a récemment confié sa "déception" à l'égard de l'état d'esprit de ses compatriotes sur les questions religieuses et ethniques, pourra-t-il éviter de briser le tabou de la NEP ? Comme tout le monde, il en connaît les effets pervers sur la fuite des cerveaux (chinois) et les investissements (étrangers), mais s'y attaquer demande une certaine dose de courage politique. Une idée fait son chemin, en dehors du gouvernement : asseoir la politique de discrimination positive non plus sur des critères ethniques mais sur des critères socio-économiques. C'est aussi la position de Lim Teck Ghee, qui relève que les Indiens ne sont pas les seuls oubliés de la NEP : les Malais pauvres sont toujours pauvres. Tout ça était dans son rapport. "Un petit groupe au sommet, regrette-t-il, a usurpé les bénéfices de la NEP."

Lim Teck Ghee n'a pas dit son dernier mot. Il est profondément reconnaissant à l'Internet et aux téléphones portables qui "brisent le monopole" de la communication en Malaisie aussi, et vient de créer un nouveau think tank indépendant, le Centre d'initiatives politiques (Center for Policy Initiatives), pour lequel il avoue avoir du mal à trouver du financement. Lui-même, heureusement, perçoit une retraite de la Banque mondiale. "C'est une petite pension, dit-il. Mais je n'ai pas de grands besoins."


POST-SCRIPTUM.

Le dalaï-lama n'est pas le seul Tibétain à irriter Pékin. Tsering Chungtak, ravissante Tibétaine de 22 ans qui vit à New Delhi, a été contrainte de se retirer d'un concours de beauté à Kuching, en Malaisie, avant la finale de "Miss Tourism 2007", parce que les Chinois demandaient qu'elle ajoute "Chine" à "Miss Tibet" sur son écharpe, exigence qu'elle a jugée "inacceptable". Le problème s'était déjà posé en 2005, mais la Miss Tibet de l'époque, Tashi Yangchen, n'avait du coup même pas fait le voyage. D'après les organisateurs, Miss Hong Kong-China et Miss Chinese-Taipei sont moins regardantes.


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Courriel : lettredasie@lemonde.fr.

Sylvie Kauffmann
Article paru dans l'édition du 11.12.07.

lundi 10 décembre 2007

seen in le fig: opera comique

Malgré un budget modeste, une programmation lyrique ambitieuse

J.-L. V.
10/12/2007 | Mise à jour : 11:05 | Commentaires 1 .
«L’Étoile» d’Emmanuel Chabrier, dirigé par John Eliot Gardiner, ouvre une nouvelle saison marquée par son éclectisme.
C’est avec L’Étoile *, l’opéra-bouffe d’Emmanuel Chabrier, créé aux Bouffes Parisiens en 1877, que le nouveau directeur de l’Opéra-Comique, Jérôme Deschamps a décidé d’ouvrir sa première saison. Cadmus et Hermione, de Lully, en janvier illustrera la période baroque ; Zampa, de Ferdinand Hérold nous ramènera au XIX e siècle et Roméo et Juliette de Pascal Dusapin à la fin du XX e . En juin, Porgy and Bess, deGershwin, apportera une touche étrangère. Ces cinq nouvelles productions lyriques, alternant gaieté, gravité et rythme, et couvrant trois siècles du répertoire, donnent une idée de l’orientation que souhaite donner Jérôme Deschamps à cette maison qui a connu de nombreux avatars.

Dirigé pendant sept ans par Jérôme Savary, l’Opéra-Comique a été fondé le 26 décembre 1714. Il prendra son nom en 1780 et deviendra au début du XIXe siècle le Théâtre national de l’opéra-comique, haut lieu de la création lyrique où furent créés de nombreux chefs-d’œuvre d’Auber, Adam, Bizet et Massenet. C’est dans cette salle que le public entendit pour la première fois Carmen, Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, Lakmé de Delibes, Manon de Massenet, Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas et bien sûr Pelléas et Mélisande de Debussy.


Une nouvelle aventure

Une période faste qui s’acheva avec la crise économique de 1930 qui entraîna la faillite de l’établissement et sa prise en main par l’État, qui le rapprocha du Théâtre national de l’opéra en créant une structure commune, la «Réunion des théâtres lyriques nationaux». La Salle Favart devient alors une annexe de la Salle Garnier, mais la formule ne résiste pas au temps. Plusieurs expériences sont tentées après une première fermeture, dont la plus intéressante restera l’Opéra Studio qui a permis dans les années 1970 la formation et l’essor de jeunes interprètes. La construction de l’Opéra Bastille mettra un terme à une nouvelle aventure avec l’Opéra national. Depuis janvier 2005, l’Opéra-Comique a un nouveau statut juridique, celui d’un théâtre national.

Modeste, son budget global s’élève à 15 millions d’euros, dont la moitié pour la partie artistique, financée par les recettes propres. Pendant sept mois, l’Opéra-Comique donnera 118 représentations pour 75 000 spectateurs. Des travaux ont été réalisés afin de maintenir ouverte la Salle Favart qui peut accueillir 1 200 personnes. Plusieurs chantiers ont été menés, dans un programme de quatre ans, pour améliorer l’ensemble de l’édifice et, pour ce qui concerne le public, la qualité de l’acoustique. C’est ainsi que la fosse d’orchestre a été adaptée. Plusieurs aménagements, une conque, un lustre permettent d’éviter les effets de distorsion.

Par ailleurs, d’autres travaux permettront de redonner aux différents espaces – foyers, loges – leur aspect original. En particulier, un financement privé permettra la restauration du grand foyer, des deux rotondes ainsi que de l’avant-foyer illustré par les décorations réalisées par Albert Magnan, Henri Gerveix, Joseph Blanc, Édouard Toudouze ou Raphaël Collin. Le coût total de ces programmes d’aménagement est estimé à près de 45 millions d’euros.

Seen in le fig: Oera comique and Jerome Deschamps

«Même le mot noir devient tabou, c’est de la pure folie»
Langage. Georges Lebouc écharpe et décortique le politiquement correct.
Recueilli par CATHERINE MALLAVAL
QUOTIDIEN : lundi 10 décembre 2007
58 réactions
Vous rêvez de vous fondre dans le ronron de l’époque, en causant bien lisse, sans la moindre once de malice ? Vous aspirez à devenir le Mr. Propre du français, jamais en reste d’expressions javellisées comme «précipitations» (à croire que ça mouille moins que la pluie), «plan de sauvegarde de l’emploi» (nettement plus social que licenciements collectifs) ou «arts premiers» (plus distingués qu’arts primitifs), sans oublier «frappes chirurgicales» ou «dommages collatéraux» ? Le Parlez-vous le politiquement correct ? que vient de publier le Pr Georges Lebouc (1) et, en particulier, son lexique vont devenir votre livre de chevet.


Sur le même sujet
BLOG Le Noël chrétien n'est plus tabou aux Etats-Unis


Vous fulminez quand on vous dit «cet apprenant souffrait d’un surcroît pondéral qui ne lui permettait pas de briller au cours des séquences de motricité», plutôt que «cet élève obèse ne pouvait pas briller au cours de gym» ? Georges Lebouc, philologue en retraite, mi-français, mi-belge, est aussi votre ami. Lui qui s’agace sec contre cette façon que l’on a de ne «plus appeler un chat un chat». Entretien avec un homme qui a le bon goût d’avoir fait sienne cette exquise citation de Montesquieu : «La gravité est le bonheur des imbéciles.»

Quel comble du «politiquement correct» vous a poussé à écrire ce livre ?

Le mot «océaniser», qui signifie couler un navire-poubelle, donc polluer les océans, me fait particulièrement bondir. Mais plus que tel ou tel mot, comme «partir» pour mourir, c’est la dérive du politiquement correct qui m’exaspère. Nous sommes en effet passés d’une volonté de ne pas choquer au délire. Tant qu’il s’agit de parler de malentendants, ou de déficients auditifs ou de handicapés auditifs plutôt que de sourds, de sourdingues, des durs de la feuille qui auraient les portugaises ensablées, passe. Même si hélas, malgré les miracles qu’il accomplit, le politiquement correct ne parviendra à réparer cette infirmité, ou plutôt ce handicap comme on dit maintenant. Bref, quand dans le même souci de ne pas choquer ou exclure on cherche à éviter des discriminations raciales, sexuelles ou sociales, par exemple en revalorisant (prétendument) certains métiers par une terminologie plus huppée comme «technicien de surface» (balayeur) ou «hôtesse de caisse» (caissières)… pourquoi pas. Mais quand une institutrice se fait vilipender lors d’une inspection parce qu’elle parle du tableau noir et que le mot noir devient à lui seul un tabou, c’est de la pure folie.

Quels sont les domaines les plus affectés ?

Tous le sont. Mais l’économie est un terrible domaine où les mots sont là pour éviter de dire les choses. Comme s’il était moins pénible d’être «licencié» ou «restructuré» que mis à la porte. Tous les substituts aux vilains mots sont bons : «réajuster» au lieu de dévaluer, «réaménager» plutôt que réduire, «ouverture du capital» à la place de privatisation, «lignes de production» en guise de travail à la chaîne… Quant aux anciens travailleurs à la chaîne, deviendront-ils des chômeurs ? Jamais ! Tout au plus des «demandeurs d’emploi» ou des «sans-emploi», voire des «personnes en cessation d’activité ou de travail», en «mise en disponibilité» ou même «mise en non-activité»…

Mais comment ces mots sont-ils «aplatis» ?

Ils reposent sur des procédés qui ne sont pas loin de devenir des tics. Comme le but est de ne pas appeler les choses, on recourt à des formulations négatives, comme «non»-apprenant (un cancre) ou «mal»-sachant, ou «contre»-performance (en fait, un échec), «sans»-abri (clodo), «dys»-fonctionnement (qui vaut tellement mieux qu’une bavure policière, par exemple).

Autre astuce tout aussi caricaturale, le recours au langage scientifique. Comme s’il était préférable de dire aliénation que folie, oncologie ou carcinologie que cancérologie. Il y a également l’utilisation de mots étrangers : on n’est plus un homosexuel montré du doigt quand on est gay. Sans oublier le recours aux acronymes, HLM, IVG, HP… De bien beaux euphémismes !

D’où nous vient cette entreprise de lissage ?

Des Etats-Unis dans les années 90. Il s’agissait alors principalement de lutter contre le racisme quand une classe moyenne de Noirs américains a vraiment commencé à émerger. L’expression politically correct qui découle de la political correctness nous vient de là.

Pourtant, ce n’est pas une première dans l’histoire...

Effectivement, ce ridicule a déjà existé sous la forme d’une préciosité dont Molière s’est moqué. Mais il s’agissait à cette époque-là et de briller dans la conversation et de raffinement, avec toutes sortes de métaphores succulentes. Ainsi il y avait le «conseiller des grâces», qui désignait un miroir, l’«antipode de la raison» pour une sotte, les «commodités de la conversation» pour des fauteuils, ou encore un «traître» pour parler d’un paravent. Mais l’oscar des expressions précieuses va sans conteste aux pauvres porteurs de chaise devenus des «mulets baptisés» !

Ça va durer longtemps cette histoire ?

En fait je crois que le XXe siècle a tellement été barbare qu’on avait peut-être besoin d’un épisode lénifiant. Une dizaine de mots apparaissent encore tous les quinze jours. Mais c’est une mode. Et l’on passera brutalement à autre chose.

(1) Coll. «Autour des mots», éditions Racine, 128 pp., 15,70 euros.

Gotta see it: Pyongyang

The artist Gursky has taken pictures out of Arirang Festival in North Korea. Gotta see his approach of NK...

Seen in le fig: about Jérôme Deschamps and Opéra comique

Interessant article dans le fig d'hier sur la nouvelle direction de l'Opéra Comique par Jérôme Deschamps
Enjeux de la nouvelle direction post Jérôme Savary: ne pas renoncer à l'exigence en termes de programmation artistique, mais savoir aussi s'ouvrir à de nouveaux publics, ceux là même qui n'oseraient pas aller à l'Opéra. Constantes des politiques culturelles publiques de ce début de siècle...
Belle initiative que celle du "mécène du regard": on achète une place, qui sera offerte à quelqu'un qui n'aurait pas les moyens d'aller voir un Opéra. Une nouvelle vision du don.

Seen on libé: politically correctness

«Même le mot noir devient tabou, c’est de la pure folie»
Langage. Georges Lebouc écharpe et décortique le politiquement correct.
Recueilli par CATHERINE MALLAVAL
QUOTIDIEN : lundi 10 décembre 2007
58 réactions
Vous rêvez de vous fondre dans le ronron de l’époque, en causant bien lisse, sans la moindre once de malice ? Vous aspirez à devenir le Mr. Propre du français, jamais en reste d’expressions javellisées comme «précipitations» (à croire que ça mouille moins que la pluie), «plan de sauvegarde de l’emploi» (nettement plus social que licenciements collectifs) ou «arts premiers» (plus distingués qu’arts primitifs), sans oublier «frappes chirurgicales» ou «dommages collatéraux» ? Le Parlez-vous le politiquement correct ? que vient de publier le Pr Georges Lebouc (1) et, en particulier, son lexique vont devenir votre livre de chevet.


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Vous fulminez quand on vous dit «cet apprenant souffrait d’un surcroît pondéral qui ne lui permettait pas de briller au cours des séquences de motricité», plutôt que «cet élève obèse ne pouvait pas briller au cours de gym» ? Georges Lebouc, philologue en retraite, mi-français, mi-belge, est aussi votre ami. Lui qui s’agace sec contre cette façon que l’on a de ne «plus appeler un chat un chat». Entretien avec un homme qui a le bon goût d’avoir fait sienne cette exquise citation de Montesquieu : «La gravité est le bonheur des imbéciles.»

Quel comble du «politiquement correct» vous a poussé à écrire ce livre ?

Le mot «océaniser», qui signifie couler un navire-poubelle, donc polluer les océans, me fait particulièrement bondir. Mais plus que tel ou tel mot, comme «partir» pour mourir, c’est la dérive du politiquement correct qui m’exaspère. Nous sommes en effet passés d’une volonté de ne pas choquer au délire. Tant qu’il s’agit de parler de malentendants, ou de déficients auditifs ou de handicapés auditifs plutôt que de sourds, de sourdingues, des durs de la feuille qui auraient les portugaises ensablées, passe. Même si hélas, malgré les miracles qu’il accomplit, le politiquement correct ne parviendra à réparer cette infirmité, ou plutôt ce handicap comme on dit maintenant. Bref, quand dans le même souci de ne pas choquer ou exclure on cherche à éviter des discriminations raciales, sexuelles ou sociales, par exemple en revalorisant (prétendument) certains métiers par une terminologie plus huppée comme «technicien de surface» (balayeur) ou «hôtesse de caisse» (caissières)… pourquoi pas. Mais quand une institutrice se fait vilipender lors d’une inspection parce qu’elle parle du tableau noir et que le mot noir devient à lui seul un tabou, c’est de la pure folie.

Quels sont les domaines les plus affectés ?

Tous le sont. Mais l’économie est un terrible domaine où les mots sont là pour éviter de dire les choses. Comme s’il était moins pénible d’être «licencié» ou «restructuré» que mis à la porte. Tous les substituts aux vilains mots sont bons : «réajuster» au lieu de dévaluer, «réaménager» plutôt que réduire, «ouverture du capital» à la place de privatisation, «lignes de production» en guise de travail à la chaîne… Quant aux anciens travailleurs à la chaîne, deviendront-ils des chômeurs ? Jamais ! Tout au plus des «demandeurs d’emploi» ou des «sans-emploi», voire des «personnes en cessation d’activité ou de travail», en «mise en disponibilité» ou même «mise en non-activité»…

Mais comment ces mots sont-ils «aplatis» ?

Ils reposent sur des procédés qui ne sont pas loin de devenir des tics. Comme le but est de ne pas appeler les choses, on recourt à des formulations négatives, comme «non»-apprenant (un cancre) ou «mal»-sachant, ou «contre»-performance (en fait, un échec), «sans»-abri (clodo), «dys»-fonctionnement (qui vaut tellement mieux qu’une bavure policière, par exemple).

Autre astuce tout aussi caricaturale, le recours au langage scientifique. Comme s’il était préférable de dire aliénation que folie, oncologie ou carcinologie que cancérologie. Il y a également l’utilisation de mots étrangers : on n’est plus un homosexuel montré du doigt quand on est gay. Sans oublier le recours aux acronymes, HLM, IVG, HP… De bien beaux euphémismes !

D’où nous vient cette entreprise de lissage ?

Des Etats-Unis dans les années 90. Il s’agissait alors principalement de lutter contre le racisme quand une classe moyenne de Noirs américains a vraiment commencé à émerger. L’expression politically correct qui découle de la political correctness nous vient de là.

Pourtant, ce n’est pas une première dans l’histoire...

Effectivement, ce ridicule a déjà existé sous la forme d’une préciosité dont Molière s’est moqué. Mais il s’agissait à cette époque-là et de briller dans la conversation et de raffinement, avec toutes sortes de métaphores succulentes. Ainsi il y avait le «conseiller des grâces», qui désignait un miroir, l’«antipode de la raison» pour une sotte, les «commodités de la conversation» pour des fauteuils, ou encore un «traître» pour parler d’un paravent. Mais l’oscar des expressions précieuses va sans conteste aux pauvres porteurs de chaise devenus des «mulets baptisés» !

Ça va durer longtemps cette histoire ?

En fait je crois que le XXe siècle a tellement été barbare qu’on avait peut-être besoin d’un épisode lénifiant. Une dizaine de mots apparaissent encore tous les quinze jours. Mais c’est une mode. Et l’on passera brutalement à autre chose.

(1) Coll. «Autour des mots», éditions Racine, 128 pp., 15,70 euros.