mardi 11 décembre 2007

seen in le Monde Economie: about mentors in firms

I will also benefit from a "tuteur" in a couple of weeks when I start working as an apprentice, so...

Décryptage
Les tuteurs, des perles rares qui restent à valoriser
LE MONDE ECONOMIE | 10.12.07 | 11h29 • Mis à jour le 10.12.07 | 11h29
Les tuteurs sont de plus en plus prisés dans les entreprises. Car la formation en alternance - apprentissage ou contrat de professionnalisation - s'est développée et diversifiée dans l'ensemble des firmes. "Qui plus est, les groupes comme les PME sont confrontés au défi de la fidélisation des jeunes, indique Brigitte Le Boniec, directrice formation et compétences de l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie (ACFCI) qui a organisé le 6 décembre une Journée nationale pour valoriser le tutorat. Aussi leur accueil et leur intégration deviennent-ils un élément primordial de la gestion des ressources humaines."

A La Poste, c'est près d'un facteur sur deux qui sera recruté par la voie de l'alternance d'ici à 2009. Il y a trois ans, le groupe Flo a décidé de mettre en place une politique d'accompagnement des nouveaux embauchés pendant leurs quatre premiers mois ; chaque restaurant compte au moins deux tuteurs, en général le directeur et le chef de cuisine : "Notre but était de faire baisser le turnover et nous sommes satisfaits puisqu'il a diminué de moitié, relate Catherine Augereau Leloup, directrice emploi-formation. Nous travaillons à étendre le dispositif, en sensibilisant les directeurs adjoints et les seconds en cuisine à cette fonction tutorale."

Mais la difficulté pour les entreprises aujourd'hui, c'est de trouver suffisamment de salariés aptes à transmettre les bons gestes professionnels, la culture d'entreprise et être présents en cas de démotivation des nouvelles recrues. L'heure est donc à la professionnalisation et à la valorisation des tuteurs afin de susciter des vocations. La plupart suivent quelques jours de formation, afin de mieux maîtriser les aléas de la pédagogie de terrain, la communication avec le jeune accueilli, mais aussi avec les intervenants des écoles, l'organisation de l'acquisition des compétences et son évaluation, etc. "Des tables rondes sont organisées régulièrement, précise Jean-Marie Lasbleis, responsable des parcours qualifiants chez Euro Disney Associés SCA. Les tuteurs - ils sont au nombre de 500 - peuvent ainsi échanger sur leurs pratiques, leurs difficultés et, de ce fait, monter en compétence." Chez Dalkia, société de services énergétiques (filiale de Veolia), qui a signé début 2006 un accord avec les syndicats pour promouvoir le tutorat, un réseau rassemblant les tuteurs au niveau régional joue le même rôle.

Les employeurs cherchent toutefois à aller plus loin dans la reconnaissance de cette drôle de fonction qui demande beaucoup de temps, en sus des obligations professionnelles habituelles. Euro Disney octroie une prime de 47 euros par mois. Mais tous ne font pas le choix d'une rémunération supplémentaire : "Cela ne va pas avec l'esprit du tutorat, qui est d'accueillir et de faire partager, estime Laure Pascarel, responsable du pôle Management des compétences de la direction du courrier de La Poste. Par contre, dans notre entreprise, ceux qui s'investissent dans le tutorat progressent plus vite en termes de classification. Car nous pensons que cette fonction prépare bien à des premiers postes de management." Après une enquête menée auprès des tuteurs de Dalkia, dont les résultats témoignaient d'un manque de reconnaissance et de temps, l'entreprise a sollicité l'encadrement : "Au moment de l'entretien annuel, ces questions doivent être maintenant débattues entre le tuteur et son responsable hiérarchique... comme les autres objectifs", précise Philippe Marcadé, directeur de la formation de Dalkia.

Mais la nécessité d'une reconnaissance plus "visible" se fait de plus en plus pressante. C'est le but du titre "Tuteur en entreprise" élaboré par l'ACFCI, sur la base d'un certificat de compétences et d'un entretien avec un jury. Et il commence à faire florès. Dix-huit personnes l'ont reçu chez Euro Disney. Pour M. Lasbleis, cette réussite prend un sens particulier pour certains salariés : "Nombre de nos tuteurs n'ont pas beaucoup de diplômes de base, voire pas du tout. Avec ce titre, non seulement leurs compétences sont reconnues, ce qui est satisfaisant personnellement, mais leur employabilité est également renforcée."

Une première promotion de treize personnes a essuyé les plâtres au sein de Dalkia : onze ont été reçues, deux doivent revoir leur dossier. Une expérimentation qui donne matière à réflexion : "Ces deux personnes étaient à la fois responsables hiérarchiques et tuteurs de l'apprenti, analyse M. Marcadé. Nous pressentions ce risque de confusion des genres entre les deux approches ; aussi nous faudra-t-il maintenant davantage veiller, dans la mesure du possible, à ce que le manager direct du jeune en contrat ne soit pas son tuteur." Dans les restaurants Flo, une trentaine de personnes ont obtenu le titre. Au-delà de la valorisation individuelle, Mme Augereau Leloup y voit également un bon outil... pour recruter : "Avec ce dispositif, nous pouvons prouver aux jeunes que nous rencontrons dans les écoles hôtelières ou sur les forums que, lorsque nous leur promettons un accompagnement par des tuteurs qualifiés, c'est réel."

Toutefois, ce titre consulaire, s'il est une avancée, ne contente pas pleinement les entreprises, qui aimeraient une reconnaissance officielle nationale. Une demande d'inscription au répertoire géré par la Commission nationale pour la certification professionnelle (CNCP) est en cours d'examen. Problème ? "Le tutorat n'entre pas dans les critères, car il n'est ni un métier ni un niveau de formation", précise Mme Le Boniec. Il faudra donc faire preuve d'inventivité pour que les tuteurs prennent du galon.

Nathalie Quéruel

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