dimanche 26 août 2007

Currently reading: Un secret sans importance, Agnes Desarthe



few abstracts

P 83 : « Elle aimait les formules de politesse. Sans s’en douter, elle était la première à être dupe de l’obséquiosité ; à ses oreilles, cela dépassait de loin l’ornement, c’était la musique même de la langue. »

P 124 : « Il est dit que le fœtus, dans le ventre de la mère, connaît tout des mystères du monde. Lorsqu’il naît, un ange lui pose un doigt sur la bouche. Le visage de l’enfant en porte la trace, c’est un léger sillon entre la lèvre supérieure et le nez. Ce geste n’a pas pour seule vertu de faire taire le nourrisson, il permet aussi au bébé de tout oublier. Car, si l’on ne commence pas par oublier, on ne peut rien apprendre. Sonia s’était souvent représenté cette scène. Cependant, il lui semblait que, pour certains individus, l’ange ne s’était pas contenté de poser son index sur les lèvres tendres, il avait appuyé bien fort, histoire d’éviter les embêtements. Ceux qui portaient cette empreinte plus profonde, les idiots, les naïfs, les humbles, en savent plus long. Aux insolents, aux prétentieux, on n’avait pas pris la peine d’administrer un remède aussi puissant. »

P 151 : « Il y a des nuits où la magie et l’horreur quittent les livres de contes pour aller tourbillonner dans les rues et sur les chemins. Il suffit d’une fenêtre entrouverte pour qu’elles se glissent chez les gens. Au matin, on se souvient que la lune n’avait pas le même éclat et que le vrombissement des moteurs ne suffisait pas à couvrir la colère surnaturelle dont on s’efforçait de faire taire la voix. C’est dans la nuit que les enfants naissent et que les vieillards meurent. Certains enfants et certains vieillards seulement. Il n’y eut personne pour recueillir le dernier souffle de Sonia. »

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