Les deux Corées montent un sommet «pour une ère de paix»
Kim Jong-il et Roh Moo-hyun ont annoncé une rencontre à la fin du mois d’août.
Par Michel TEMmAN
QUOTIDIEN : jeudi 9 août 2007 (libération)
Des soldats nord-coréens et sud-coréens échangeaient encore des tirs, lundi, de part et d’autre de la zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953). Mais hier, Séoul a annoncé que les dirigeants sud-coréen et nord-coréen se rencontreront à la fin du mois à Pyong-yang, afin d’œuvrer au rapprochement des deux pays et «à la paix». La Corée du Nord a confirmé un peu plus tard la nouvelle.
Le président sud-coréen, Roh Moo-hyun, et Kim Jong-il devraient tenir ce qui constituerait leur première rencontre, durant trois jours, du 28 au 30 août. Aucun détail n’a filtré sur le contenu du sommet. Ce serait la première fois que les deux Corées se revoient en tête à tête depuis le sommet tenu en 2000 à Pyongyang entre le dictateur nord-coréen et l’ancien président sud-coréen Kim Dae-jung, apôtre du dialogue et artisan de la fameuse « politique du rayon de soleil».
Hier, la présidence sud-coréenne louait un événement qui devrait «contribuer à la paix et à la stabilité dans la péninsule coréenne. Les pourparlers permettront d’avancer sur la voie du règlement de la question nucléaire.»
La Corée du Nord a fait un pas important, le 15 juillet, en arrêtant sa centrale nucléaire de Yongbyon, sous l’œil d’experts de l’AIEA (Agence internationale pour l’énergie atomique). Mais elle avait fait exploser, le 9 octobre 2006, sa première bombe atomique (de faible puissance). Selon l’Institut pour les sciences et la sécurité internationale, basé à Washington, la Corée du Nord disposerait de suffisamment de plutonium pour fabriquer entre cinq et douze bombes A.
Envoyé spécial. La rencontre a d’abord été souhaitée par Séoul et le président Roh Moo-hyun qui, en fin de mandat et très impopulaire, veut redorer son blason. Les journaux sud-coréens Chosun Ilbo et Hankook Ilbo ont publié des documents dévoilant l’existence d’un mystérieux envoyé spécial en Corée du Nord qui n’est autre que le patron du renseignement sud-coréen, Kim Man-bok. Hier, il a reconnu s’être secrètement rendu deux fois à Pyongyang ces jours-ci pour mettre en place le sommet. Hostile à la rencontre, le premier parti d’opposition sud-coréen, le Grand Parti national - dont deux candidats sont en tête des sondages pour la présidentielle - a appelé à une attitude «plus dure» à l’égard de Pyongyang.
Le lent processus de réconciliation intercoréen demeure très fragile et la Corée du Nord promet déjà «des difficultés» lors du sommet. Mais le régime de Pyongyang semble lui aussi attendre beaucoup de la rencontre. Hier, son agence de presse officielle (KCNA) a estimé que le sommet aura «une lourde signification en ouvrant une nouvelle ère de paix.»
Pétrole. D’autant que le pays communiste est confronté à une pénurie sans précédent alors qu’il commence une lente mutation de son système industriel vers une économie plus moderne. Ses besoins en énergie et matières premières sont criants. La Corée du Nord demande également d’énormes quantités de riz et de biens alimentaires afin de pouvoir nourrir sa population. Cet état de nécessité constitue d’ailleurs la clé du réchauffement entre les deux pays. Le 14 juillet, un pétrolier sud-coréen a remis une première cargaison de 6 200 tonnes de pétrole à son voisin. 43 800 autres tonnes de fioul lourd sont attendues dans les ports nord-coréens ces prochains mois - comme prévu selon l’accord conclu à Pékin en février, en échange de la fermeture de la centrale nucléaire de Yongbyon. De même les Sud-coréens ont repris le mois dernier leurs livraisons de riz vers le Nord.
Mais il n’est pas sûr, malgré tous ses efforts, que le Sud réussisse à faire la paix avec le Nord. Depuis l’armistice de 1953, jamais Séoul et Pyong-yang n’ont signé le moindre traité mettant officiellement fin à l’état de guerre.
jeudi 9 août 2007
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