mardi 8 avril 2008

Art in the working environment. A pinch of beauty in a world of...

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Les « Ateliers de Rennes » font dialoguer art et entreprise
[ 08/04/08 Les Echos ]


Depuis novembre dernier et jusqu'à mi-juillet, la Biennale d'art contemporain - les Ateliers de Rennes - propose d'interroger la place de l'art dans l'univers professionnel. Intrus ou complice ?
Directeur commercial de Gerinter Intérim, un réseau de 12 agences de travail temporaire situées dans les 4 départements du Pays breton (1), Eric du Mottay confesse aujourd'hui s'être montré pour le moins sceptique lorsque son PDG, par ailleurs grand amateur d'art, lui a annoncé mi-2007 que l'entreprise allait accueillir dans ses murs, pendant quelques semaines, un collectif d'artistes contemporains. Baptisé « courants faibles », ce dernier s'est donné pour objectif d'interroger la place de l'art dans le monde fort codifié et rationnel de l'entreprise. « Les artistes ont bénéficié d'une totale liberté pour concevoir leurs oeuvres. Nous n'avons pas encore vu le résultat mais le retour en interne a été très positif. Nos salariés ont laissé exprimer une sensibilité qu'eux-mêmes ne soupçonnaient sans doute pas. A nous de l'exploiter à l'avenir dans nos processus de développement de compétences », analyse Eric du Mottay. Sa structure a ainsi rejoint la petite vingtaine d'entreprises partenaires des Ateliers de Rennes, première édition de la Biennale d'art contemporain placée sous le signe de la relation entre l'art et l'entreprise qui se tient à Rennes depuis novembre 2007, et ce jusqu'à mi-juillet prochain.

Création de valeur
Dotée d'un budget de 2,144 millions d'euros, cette biennale, dont la thématique n'avait jamais été abordée de la sorte en France, a vu le jour à l'initiative d'un mécène privé, le groupe alimentaire Norac, avec le soutien de l'Etat et des collectivités territoriales. « Nous nous intéressons à la création de valeur, qui est une problématique commune à l'activité de production de l'artiste et à celle de l'entreprise », détaille Raphaëlle Jeune, directrice de l'association Art to Be et commissaire de cette biennale qui se déroule en deux phases. Première étape : une quinzaine d'artistes, accueillis pour une période de cinq semaines chacun par une entreprise, élaborent avec les salariés un projet d'oeuvre d'art. A partir du mois de mai, ces oeuvres, ainsi que de nombreuses autres oeuvres créées spécialement pour la manifestation ou prêtées par des collections publiques ou privées, seront ensuite exposées dans plusieurs lieux à Rennes.

Directrice générale de l'entreprise Sulky-Burel (conception et fabrication de semoirs et d'épandeurs agricoles) basée à Chateaubourg, à une vingtaine de kilomètres de Rennes, Gisèle Burel a rapidement donné son accord pour accueillir un artiste au sein de son entreprise. « Le principe de la biennale repose sur le fait que c'est l'artiste qui choisit l'entreprise. Nous avons joué le jeu. » L'artiste en question s'appelle Alain Bernardini. Plasticien familier de l'univers de l'entreprise, ce dernier a choisi de photographier les 170 salariés de l'entreprise (sur une base de volontariat) dans leur contexte quotidien de travail. Avec une démarche volontairement décalée. « De manière générale, les salariés sont photographiés dans un contexte où ils accomplissent leur tâche et ne sont qu'un maillon dans la représentation qui est faite du monde de l'entreprise. En tout cas, ils ne sont guère acteurs de l'image. Dans le cadre de ma démarche, j'ai souhaité les remettre au premier plan. »

Totalement libre de ses mouvements, Alain Bernardini, qui investit l'entreprise trois jours par mois en moyenne, fait adopter des poses pour le moins incongrues à ses « modèles » : debout sur un établi pour un opérateur, allongé sur son bureau pour une assistante. « J'ai été étonné par les réactions enthousiastes de la plupart des salariés, qui ont accepté ma proposition. Je n'ai pas la prétention d'avoir réenchanté leur quotidien ni même allumé une étincelle artistique en eux, mais je pense qu'il y aura un avant et un après », confie-t-il.

« Respiration »
Côté direction, les réactions sont à l'avenant. « Cette performance fait figure de respiration et de récréation pour les salariés, explique Gilbert Jouan, directeur de production. Loin de nous l'idée de vouloir instrumentaliser l'art. Ces photos, qui seront ensuite exposées, vont contribuer à valoriser le monde industriel et remplir de fierté nos salariés. Quant à nous, cette performance artistique illustre notre philosophie managériale qui consiste à valoriser la dimension humaine dans l'exercice professionnel, même si nous sommes pleinement conscients que le travail en usine demeure un travail difficile, exigeant. »

ÉRIC DELON (À RENNES)


(1) Finistère, Ille-et-Vilaine, Côtes-d'Armor, Morbilhan.

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